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Kaloum : les sinistrés de Coronthie entre calvaire et désespoir à l’approche de la saison pluvieuse.

Victimes de l’explosion du dépôt des hydrocarbures le mois de décembre dernier, les habitants du quartier Coronthie dans la commune de Kaloum sont toujours en attente de l’Etat, qui leur a promis la reconstruction de leurs habitations durement touchées par l’explosion. Ces habitants passent un dur moment en ce mois de Ramadan et sont pris d’inquiétude à l’approche de la saison pluvieuse.

Aux lendemains de l’explosion, un Comité regroupant l’ensemble des sinistrés a été mis en place. C’est cette entité qui parle au nom et au compte de ces sinistrés qui, pour la plupart, ont tout perdu. Selon Mamadou Cifo Kétouré, président de ce Comité, lui et ses autres frères ne voudraient pas aller jusqu’à descendre dans la rue comme ce fut le cas le mois de février dernier.

« Les gens tirent le diable par la queue, nous vivons dans des conditions précaires. C’est vrai qu’il y a eu de l’action de l’Etat que nous saluons, mais le problème le plus important qui reste à résoudre c’est celui des maisons. Certains des victimes sont en train de refaire leurs maisons à leurs frais, mais qu’est-ce qu’ils appellent rénovation ? c’est poser une brique sur les autres qui ont subi un coup. Nous ne pouvons pas évaluer la garantie de ces maisons après ces rénovations faites. L’inquiétude qu’on a, c’est jusqu’à quel moment ces maisons tiendront ? Au niveau des denrées, il y a des gens qui ont reçu dans un premier temps, la seconde phase qui est en cours, visait les gens qui n’avaient pas reçu. Fort malheureusement, il y a des concessions qui font partie des plus touchées, qui n’ont pas reçu encore. (…). Notre souci, c’est que l’Etat vienne en aide à tous ces sinistrés. Mais ce qui reste très préoccupant, c’est où ces sinistrés vont dormir alors que la saison des pluies n’est plus loin. S’il pleut aujourd’hui à Coronthie, c’est que les gens perdront ce qu’ils ont cherché pendant toute leur vie ; s’il en reste même. C’est pourquoi nous demandons à l’Etat, de redoubler d’ardeur pour venir au secours de ces gens qui dorment dans ces maisons délabrées, dans des conditions très précaires », a-t-il expliqué.

A ce jour à Coronthie, certaines victimes qui sont restées dans ce qui reste de leurs maisons « dorment à même le sol ». Ceux qui sont restés à Kaloum « respirent de la poussière nuit été jour alors que l’ensemble des victimes « peinent à joindre les deux bouts ». « Au-delà de tout cela, il y a beaucoup de malades ici. Nous nous attendons à ce que l’Etat trouve solutions aux problèmes de Coronthie. Notre souci, ce n’est pas la violence, c’est plutôt d’avoir une oreille attentive de l’Etat. Notre grande inquiétude, c’est de continuer à attendre sans rien. Nous demandons à l’Etat de jouer sont son rôle », a ajouté Cifo.

Certaines victimes ont commencé à reconstruire leurs maisons

Face au retard que prend l’Etat pour leur venir en aide à l’approche de la période de grandes pluies, certaines victimes de l’explosion du dépôt central d’hydrocarbures de Kaloum ont commencé à reconstruire leurs maisons. Cette reconstruction qui consiste à poser des briques en guise de comblage, risque de ne pas tenir pour longtemps.

Commandant à la retraite de son état, Mohamed Konaté a fait recours à ses enfants pour lui permettre d’entamer les travaux de reconstruction de sa demeure. Même si ces travaux vont bon train, l’ancien militaire demande l’aide de l’Etat et des personnes de bonne volonté.

« Depuis le jour de l’incendie, j’ai changé de domicile parce qu’il n’y avait même pas où se coucher. Tout avait été endommagé, il a fallu qu’on gâte la porte pour me sortir de mon salon. Avec l’aide de mes enfants, on est en train de tout reprendre. Il fallait qu’on s’y mette. Jusqu’à date, je suis un réfugié. Je demande à l’Etat de nous venir en aide, il y a eu assez de sinistrés. Même manger actuellement, c’est difficile pour nous ; la petite difficulté qu’on a eue avec l’aide de nos enfants, c’est ce qu’on a utilisé pour procéder à la reconstruction. Nous comptons sur l’aide de l’Etat et des personnes de bonne volonté », a-t-il dit.

D’autres victimes comme Fatoumata Soumah, en état de famille, se demande où dormir quand la pluie va commencer. Celle-ci et, probablement, certaines de ses amies, n’excluent pas de descendre dans la rue pendant ce mois de Ramadan, si leur cri de cœur n’est pas entendu.

« Je suis une femme enceinte. Depuis l’explosion, ma famille et moi avons été abandonnées par l’Etat. Nous dormons dans cette maison délabrée. Nous demandons à l’Etat pourquoi il nous a abandonné ? Personnellement, je peux accoucher aujourd’hui ou demain, je ne sais pas où je vais dormir avec mon enfant après l’accouchement. Et bientôt la saison pluvieuse, comment nous ferons pour dormir ? Si l’Etat ne nous vient pas en aide, même pendant ce mois de Ramadan, on a décidé de sortir dans la rue pour manifester notre ras-le-bol », a-t-elle lancé.

Pour sa part, le handicapé N’Faly Soumah affirme que depuis le début de cette affaire, « si on a distribué des vivres aux gens », il n’a rien reçu. « Mais mon souci aujourd’hui, n’est pas de comment manger. C’est plutôt comment reconstruire ma maison qui est complètement délabrée. C’est Coronthie que je connais, c’est ici que je suis né et ai grandi. Je demande aux autorités de nous venir en aide, nous n’avons rien. Si l’Etat ne nous vient pas en aide, nous ne savons pas ce que nous allons devenir pendant la saison pluvieuse qui approche à grand pas », a-t-il lancé.

 

Mohamed N. BANGOURA