Le Pr Didier Raoult s’est prononcé sur l’essai Recovery. Rappelons que cet essai vient d’interrompre la poursuite du traitement par l’hydroxychloroquine car ce médicament n’apportait pas d’amélioration par rapport au groupe témoin. Le taux de mortalité était de 25,7% dans le groupe prenant de l’hydroxychloroquine et de 23,5 % dans le groupe placebo (pas de différence significative). Il n’y avait pas de preuve d’effet bénéfique autre.
Les Marx Brothers font de la science : l’exemple de RECOVERY
[https://youtu.be/RW_7xxVJZmk]
Voici mon avis sur les critiques que fait le Pr Raoult :
Effectivement, certains entrants dans l’essai n’ont pas eu de test diagnostique (nous nous en étonnons aussi). Mais les auteurs de l’essai expliquent sur quels signes cliniques et d’imagerie ils ont pu intégrer ces malades avec une très forte présomption de Covid19 (cf. page 7 du protocole d’essai clinique). Mais ce qui est à retenir, c’est que la répartition dans les groupes, hydroxychloroquine ou placebo, s’est faite par tirage au sort et il n’y a aucune raison de mettre en cause le résultat de l’étude car aucun groupe n’a été favorisé puisque la répartition était aléatoire.
C’est vrai que la dose d’hydroxychloroquine est particulièrement élevée et expose à un risque cardiaque. Les auteurs ont expliqué qu’il s’agissait d’obtenir la même concentration pulmonaire du médicament que celle qui s’était révélée efficace dans les expérimentations de laboratoire. Ils mettent en balance le risque médicamenteux par rapport au risque infectieux qu’ils estiment supérieur. Ils expliquent cela à la page 22 de leur protocole d’essai clinique. Il apparait qu’ils n’ont eu aucune complication cardiaque, probablement grâce au contexte de surveillance hospitalière (monitoring cardiaque). Ce qui n’est pas correct du côté du Pr Raoult, c’est qu’il fait croire que les auteurs anglais ne connaissent pas l’utilisation de l’hydroxychloroquine en voulant les faire passer pour des nuls alors qu’ils ont clairement expliqué les raisons de ce dosage. Pourtant, les auteurs anglais ont voulu donner toutes les chances à l’hydroxychloroquine de montrer son efficacité et ça n’a rien donné.
le Pr Raoult indique que c’est au premier stade qu’il faut intervenir avec la chloroquine (position qui varie dans ses différentes déclarations), le second est traité grâce à des médicaments comme des corticoïdes et le troisième est du ressort du réanimateur. “On ne peut pas prévoir le même médicament pour ces trois stades”. Il veut nous faire croire que dans l’essai clinique anglais le traitement a été identique tout au long de l’évolution de la maladie. Pourtant, rien ne l’indique. Bien au contraire : dans le rapport de l’essai il est mentionné que les traitements adjuvants devront être mentionnés (oxygénation, ventilation, dialyse, etc.). Seuls les traitements directs contre le virus étaient exclus puisque l’objectif de l’essai était justement de comparer l’efficacité de ces médicaments.
La mortalité est effectivement importante dans les deux groupes (hydrochloroquine et placebo). Un tel taux de mortalité hospitalière s’est aussi vu dans certains départements français (28,3 % dans le département de l’Indre, bilan du 31 mai 2020). Une explication est à rechercher du côté des mutations virales (des publications l’ont mentionné pour expliquer les différences de taux de mortalité selon les pays et les régions). Mais d’autres explications émanant des auteurs devraient certainement venir (âges avancés des malades ? Commorbidités importantes ? etc.).
Il nous faut attendre les publications des résultats de cet essai clinique pour nous prononcer de manière plus fondée.
Dr Georges Borgès Da Silva
georges.borges-da-silva@ggbds.org