Sous l’autorité du Ministre en charge de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation, le Service National d’Action Humanitaire a pour missions : la Conception, l’élaboration, et la mise en œuvre de la Politique du Gouvernement en matière d’Action Humanitaire, de la réhabilitation des zones sinistrées, et d’en assurer le suivi.
Partant de ces missions, on se rend compte de l’ampleur des attentes vis-à-vis de ce service et des multiples objectifs qu’il est censé atteindre dans le domaine de l’humanitaire en Guinée.
Pourtant, il lui revient d’élaborer et de mettre en œuvre le Plan national de prévention des catastrophes, de coordination des interventions de secours d’urgence et d’assistance aux personnes sinistrées, déplacées internes, retournées, expulsées et réfugiés sur l’ensemble du territoire national. C’est de lui qu’on attend également la facilitation de la participation à la réhabilitation des zones sinistrées, à l’insertion ou la réinsertion des personnes sinistrées. Il se doit de même de concevoir et de mettre en œuvre, des programmes de formation en matière d’action humanitaire à l’intention des acteurs, de collecter et diffuser les informations sur les zones à risque, d’organiser des forums, conférences-débats, séminaires et ateliers relatifs à l’action humanitaire, entre autres. Mais force est de reconnaitre qu’au regard de la réalité sur le terrain, avec le nombre de sinistres que l’on enregistre ça et là sur l’ensemble du pays et avec des victimes de plus en plus nombreuses, le service national d’action humanitaire est comme inexistant.
Cet effacement est d’autant plus perceptible que depuis plus d’un an, il aurait dû se manifester dans le sillage de la maladie du nouveau coronavirus. En effet, au-delà de son volet strictement sanitaire, cette maladie, eu égard au désastre économique qu’il a occasionné, est aussi une catastrophe humanitaire. Mais personne n’aura entendu parler du service dont la mission est justement de s’occuper de cette mission. Il en est de même à l’occasion des inondations pendant la saison pluvieuse. La compassion de l’Etat à l’endroit des victimes n’a jamais existé. En pareilles circonstances, le ministre de l’Administration du territoire et de la Décentralisation, dont le département est pourtant la tutelle du Service national d’action humanitaire, préfère situer les responsabilités et accabler les victimes, que de leur venir au secours. Sans doute, une fuite en avant pour masquer ses propres défaillances.
D’ailleurs, il convient justement de s’interroger sur la pertinence qu’on a de continuer à loger ce service à l’intérieur du ministère de l’Administration du territoire. En effet, dans notre pays, ce département n’a jamais incarné la compassion de l’Etat à l’égard des citoyens. Hautement politique, il a plutôt tendance à incarner la fermeté et l’intransigeance de l’administration. Ce n’est d’ailleurs par hasard si à un moment donné, il était associé à la sécurité.
En tout cas, il est aujourd’hui évident que ce volet des missions de son département n’est pas la priorité du ministre Bouréma Condé. C’est ainsi que le Service national d’action humanitaire (SNAH) est quasi-inexistant dans la stratégie de communication du ministère. C’est ainsi que le grand public ignore tout de ses missions et d’éventuelles actions qu’il pourrait avoir posées. C’est pourtant le bras humanitaire de l’Etat. C’est du moins cela la profession de foi.
Car ici, il n’y a toute évidence pas qu’une question de moyens. Il doit y avoir un problème de volonté politique. Autrement, le service aurait pu au moins mettre à la disposition du grand public, la cartographie des zones à risque ainsi que la stratégie de prévention des sinistres, calamités et catastrophes. Mais rien, aucune donnée.
Et pour en revenir aux moyens, on n’en sait pas davantage. Quid en particulier du fameux fonds de secours d’urgence qu’il est censé mobiliser et dont il assure la gestion ?
Nous y reviendrons.
Mamadou Oury DIALLO guineeactusociale.com