Malgré la ratification par le Burkina Faso d’instruments juridiques internationaux et régionaux de protection de l’enfant, les violences à leur endroit demeurent toujours présentes. En cause, les difficultés dans l’application des textes avec pour conséquences, une insuffisance de l’offre et de la qualité des services de protection.
Pour y remédier, il s’avère nécessaire de renforcer le système de protection, en s’investissant dans le développement de mécanismes communautaires durables.
Et c’est à cela que répond le « Projet de prise en charge intégrée des enfants et de renforcement de l’environnement familial et communautaire (PIEREF) dans les régions de la Boucle du Mouhoun et du Centre-Nord », mis en œuvre par Save the Children et ses partenaires dont l’UNICEF et le ministère de la Femme, de la solidarité nationale et de l’action humanitaire. Ce projet vise à développer des actions de protection et de renforcement de l’environnement familial et communautaire pour répondre à la protection des enfants.
C’est dans le cadre de ce projet, qu’a été réalisée l’étude sur les pratiques endogènes de protection de l’enfant qui a concerné les régions de la Boucle du Mouhoun et du Centre-nord. Elle a servi à déterminer les pratiques et les déterminants, ainsi que les mécanismes de protection de l’enfant dans les zones d’intervention du projet.
Selon Dr Alamissa Sawadogo, l’un des consultants ayant conduit l’étude, les résultats montrent qu’au niveau du système formel de protection de l’enfant (action sociale, police…), il existe des textes qui, malheureusement ne sont pas toujours respectés. Ce qui conduit à des résultats mitigés.
Au niveau communautaire, ce sont les mécanismes traditionnels de protection de l’enfant qui sont utilisés, car un grand nombre de personnes ne connaissent pas le système formel de protection. « Nous avons remarqué qu’au sein des communautés, faire recours au système formel, comme l’action sociale, la police, c’est toujours en dernier recours. C’est lorsque les mécanismes communautaires ont échoué, qu’on fait recours au système formel. », note Dr Sawadogo.
C’est pourquoi, l’une des recommandations majeures de l’étude, c’est de faire en sorte d’intégrer les deux systèmes, formel et communautaire, pour que les enfants bénéficient de la meilleure protection possible.
L’atelier tenu ce jeudi 28 mars 2019 a servi de cadre pour présenter les résultats de l’étude aux partenaires, mais aussi recueillir leurs amendements pour améliorer le document final.
Une fois l’étude validée, elle orientera non seulement les actions de Save the Children et de ses partenaires, mais servira aussi de référence pour les autres organisations qui travaillent dans le domaine de l’enfance, a expliqué Alfredo Lo Cicero, directeur pays adjoint de Save the Children. Mais surtout, « c’est aux Burkinabè de prendre en charge leurs responsabilités et d’avancer dans ce domaine, parce qu’ils ont la possibilité, la capacité, la sensibilité pour pouvoir continuer le combat. Nous serons toujours là pour les accompagner si nécessaire. », a indiqué M. Alfredo Lo Cicero.
Quelques chiffres de l’étude
L’étude nationale sur les violences faites aux enfants au Burkina Faso réalisée en 2018 (MFSNF-UNICEF-Save the Children), indique que :
La prévalence de la violence physique chez les enfants de 12-17 ans est de 15,6% au niveau national. La Boucle du Mouhoun a la prévalence la plus élevée avec 25,0%. Dans le Centre-Nord, elle est de 16,6%.
Les principaux lieux où s’exerce la violence physique sont le domicile parental (65,7%), l’école (21,9%) et la rue (8,4%). Les individus de sexe masculin sont les principaux auteurs de la violence.
La prévalence de la violence émotionnelle ou psychologique est de 25,7%. La Boucle du Mouhoun a la prévalence la plus élevée (41,8%). Dans le Centre-Nord, elle est de 10,1%.
Pour les violences sexuelles, toutes formes confondues, 3,1% des enfants âgés de 12-17 ans en ont subi. Le Centre-Nord (5,1%) et la Boucle du Mouhoun (5,0%) ont des prévalences élevées.
Justine Bonkoungou
Lefaso.net